recherche
chaire de recherche Relief en santé mentale, autogestion et travail
propulsée par
mission
Grâce à la réalisation d’activités de recherche, de réseautage et de mobilisation des connaissances, la Chaire favorisera le développement des connaissances scientifiques sur l’autogestion, la santé mentale et la saine performance au travail. Elle alimentera le développement d’interventions efficaces de soutien et de promotion de l’autogestion et de la santé mentale auprès des travailleuses et travailleurs, de leurs proches et des organisations.
contexte
Les milieux de travail peuvent avoir une incidence importante sur les enjeux de santé mentale. Améliorer la santé mentale des travailleuses et travailleurs passe non seulement par l’accès des interventions favorisant la prévention des stresseurs dans les milieux de travail ainsi que le rétablissement, mais aussi par le soutien à l'autogestion.
Bien que plusieurs études soulignent le grand potentiel de l'autogestion en santé mentale, encore trop peu d'interventions validées scientifiquement sur le sujet sont disponibles pour les organisations et dans notre réseau de santé. Le développement et la diffusion d'approches fondées sur des données probantes sont cruciaux pour mieux soutenir les travailleuses et travailleurs. En partenariat avec Relief (un organisme national en santé mentale) et Beneva (une entreprise spécialisée en assurances, et qui a le bien-être des collectivités à coeur), la Chaire permettra d'arrimer les connaissances scientifiques nouvelles aux savoirs pratiques et expérientiels au sein des organisations en santé mentale et des milieux de travail.
CRÉATION DE LA CHAIRE : 24 mars 2021
titulaire
Simon Coulombe est professeur agrégé au Département des relations industrielles de la Faculté des sciences sociales de l’Université Laval. Il est aussi chercheur régulier VITAM – Centre de recherche en santé durable. Il est titulaire d’un doctorat en psychologie communautaire de l’Université du Québec à Montréal.
De 2016 à 2020, il a été professeur adjoint en psychologie à l’Université Wilfrid-Laurier. Ses travaux, dont les résultats ont été publiés dans plus de 30 articles scientifiques depuis 2015, portent sur le développement de données empiriques et l’évaluation d’interventions pour promouvoir le bien-être et la santé mentale des personnes (incluant les travailleurs) en situation de marginalisation et d’adversité. Il collabore depuis plus de 10 ans avec Relief, un organisme qui soutient les personnes vivant avec l’anxiété, la dépression ou la bipolarité, ainsi que leurs proches.
objectifs
La Chaire poursuit les objectifs suivants :
> Offrir une unité de recherche-action pour l’étude de l’autogestion, de la santé mentale et du travail afin de favoriser le rayonnement des travaux québécois et canadiens en la matière.
> Développer et solidifier des collaborations entre des chercheuses et chercheurs, au Canada comme à l’international, et exercer un pouvoir d’attraction pour recruter des étudiantes et étudiants aux cycles supérieurs, de haut calibre, afin d’en faire la prochaine génération de spécialistes de pointe dans le domaine.
> Favoriser le partenariat et le croisement des savoirs expérientiels, pratiques et scientifiques entre les milieux d’enseignement, de recherche et de travail, ainsi que le personnel du domaine de la santé et des services sociaux et d’organisations communautaires. L’objectif est également d’approfondir et de développer de façon cohérente les connaissances scientifiques et les outils sur l’autogestion, la santé mentale et le travail.
> Favoriser l’intégration des connaissances liées à la santé mentale dans les programmes d’enseignement et les cursus de formation pour le personnel des domaines des relations industrielles et de la santé et des services sociaux afin de contribuer au développement des compétences des gestionnaires et des professionnelles et professionnels en matière de soutien à l’autogestion.
partenariat
La Chaire de recherche Relief en santé mentale, autogestion et travail - propulsée par Beneva, est rendue possible grâce au soutien financier de Relief et de Beneva, qui y contribuent chacun pour la somme de 1 M$ sur 5 ans.
retombées
La Chaire contribuera à l’avancement de la recherche appliquée en autogestion de la santé mentale au travail. Elle positionnera le Département des relations industrielles, la Faculté des sciences sociales et l’Université Laval comme des références incontournables en matière de recherche sur l’autogestion en santé mentale chez les travailleuses et travailleurs. Elle servira aussi de levier pour l’obtention de financement additionnel afin de faire avancer la recherche dans ce domaine.
La Chaire offrira l’occasion à des étudiantes et étudiants de se familiariser avec les recherches les plus à jour en santé mentale, en autogestion et en travail. Les étudiantes et étudiants développeront aussi des habiletés méthodologiques novatrices. La Chaire offrira des bourses d’études pour soutenir les travaux étudiants.
Les travaux de la Chaire fourniront des informations inédites, appuyant les activités des partenaires par des connaissances concrètes, la contribution à l’évaluation des approches d’intervention de Relief, ainsi que la création d’interventions et d’outils concrets qui pourront être déployés dans les milieux de travail, ce qui valorisera la santé mentale dans les milieux de travail et dans la collectivité.
Les connaissances développées seront intégrées dans les cursus de formation du personnel des milieux du travail et de la santé et des services sociaux. Les savoirs scientifiques, pratiques et expérientiels mis en lumière seront mis à la disponibilité des organisations dans les milieux de travail, les milieux communautaires et dans le système de la santé et des services sociaux, avec comme retombée ultime le renforcement de la santé mentale des travailleuses et travailleurs.
informations
Simon Coulombe
Chaire de recherche Relief en santé mentale, autogestion et travail
Faculté des sciences sociales
Département des relations industrielles
Université Laval
Pavillon J.-A.-DeSève, local 3270
1025, Avenue des Sciences Humaines
Québec (Québec) G1V 0A6
CANADA
[email protected]
la définition de l’autogestion
L’autogestion de la santé mentale fait référence à un ensemble de stratégies, d’outils et de comportements qu’une personne peut adopter dans son quotidien pour réduire ses symptômes liés à l’anxiété, la dépression ou la bipolarité, prévenir les rechutes et améliorer son bien-être (Barlow et al., 2002; Omisakin & Ncama, 2011; Villaggi et al., 2015).
Cette définition correspond d’ailleurs à celle adoptée par le Gouvernement du Québec, qui préfère le terme « autosoins » pour définir « tout ce qu’une personne peut faire par elle-même pour se maintenir en bonne santé et assurer son bien-être » (Gouvernement du Québec, 2019).
Il a cependant été démontré que les capacités et stratégies d’autogestion peuvent être renforcées par des interventions de soutien à l’autogestion (Houle et al., 2013; O’Connell et al., 2018) ou de ce qu’on pourrait appeler des « autosoins dirigés ». Mike Slade (2009), expert international des soins axés sur le rétablissement, décrit d’ailleurs le soutien des capacités d’autogestion comme étant l’objectif principal que devraient viser les services en santé mentale.
L’autogestion ne se substitue donc pas au rôle des intervenant-e-s, au contraire. Les intervenant-e-s jouent un rôle clé pour augmenter le potentiel d’efficacité des stratégies d’autogestion (Gellatly et al, 2007; McCusker et al., 2016) adoptées par les personnes vivant avec l’anxiété, la dépression ou la bipolarité.
Il importe aussi de noter que le soutien à l’autogestion est complémentaire à la psychothérapie et la pharmacothérapie et s’inscrit donc dans le continuum de services en santé mentale.
l’importance du soutien à l’autogestion
Dans les dernières décennies, les travaux empiriques se sont multipliés, autant sur les bienfaits de l’autogestion pour les personnes vivant avec l’anxiété, la dépression ou la bipolarité (Coulombe et al., 2015, 2016; van Grieken et al., 2015, 2015; Villaggi et al., 2015) que sur l’importance des interventions de soutien à l’autogestion (Lorig et al., 2014; Ritter et., 2014; Starnino et al., 2010; voir les recensions de Barlow et al., 2005, Houle et al., 2013, Lean et al., 2019, et Mueser et al., 2002).
Il a été démontré que l’adoption plus fréquente et quotidienne de stratégies d’autogestion est associée à des indicateurs de rétablissement aux plans clinique (des symptômes anxieux et dépressifs plus faibles) et personnel (une santé mentale positive plus élevée) (Coulombe et al., 2015).
Une étude récente (Lean et al., 2019) sur les programmes d’autogestion pour des troubles mentaux sévères ― incluant notamment le trouble bipolaire et le trouble dépressif caractérisé ― montre également un effet favorable du soutien à l’autogestion sur les symptômes de dépression et d’anxiété, à la fin de l’intervention et un an après.
Par ailleurs, une autre étude (Boyd et al., 2019), auprès de plus de 16 000 personnes en Angleterre, montre que même les personnes se présentant initialement avec des symptômes sévères retirent des bénéfices d’avoir reçu une intervention de faible intensité en premier lieu ― comme un soutien à l’autogestion ― avant de recevoir un traitement de plus grande intensité ― comme une thérapie.
l’expertise de Relief
Relief a développé une expertise clinique et scientifique, de renommée nationale et internationale, en matière de soutien à l’autogestion auprès des personnes vivant avec l’anxiété, la dépression ou la bipolarité.
Cinq ateliers d’autogestion ont été développés selon un processus rigoureux de développement, de validation de contenu et de mise à l’essai des ateliers, encadré par Dre Janie Houle, psychologue et professeure à l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Ce processus a nécessité au total 14 000 heures de travail de la part de consultant-e-s spécialisé-e-s en psychologie et en développement de programme et a fait appel à 42 expert-e-s en santé mentale.
Ces ateliers sont aujourd’hui offerts depuis plus de 10 ans par Relief et un large réseau de partenaires et constituent l’une des rares interventions validées de soutien à l’autogestion au Canada ayant fait l’objet d’une publication dans une revue scientifique (Houle et al., 2016).
Cette étude publiée dans le Canadian Journal of Community Mental Health démontre en moyenne une réduction significative du niveau de symptômes dépressifs et une augmentation importante des connaissances sur la dépression et des comportements d’autogestion auprès des 46 personnes ayant participé à l’atelier Vivre avec la dépression.
Des données d’évaluation de l’atelier Vivre avec l’anxiété (Montiel et al., en rédaction) recueillies auprès de 70 participant-e-s suggèrent aussi des changements importants entre le début et la fin de l’atelier, notamment des symptômes anxieux et dépressifs plus faibles ainsi qu’une augmentation du rétablissement personnel (par exemple, un sentiment d’espoir) et des comportements d’autogestion.
Plusieurs autres études sont en cours, notamment un essai clinique randomisé des ateliers d’autogestion en format virtuel (financement obtenu des Instituts de recherche en santé du Canada, Pasquale Roberge, Université de Sherbrooke; Janie Houle, UQAM; Jean-Rémy Provost, Relief) et une évaluation scientifique de l’atelier Vivre avec un meilleur équilibre au travail (Sophie Meunier, UQAM).
Relief tient à remercier Simon Coulombe, professeur à l’Université Laval, pour le sommaire des études scientifiques et données probantes sur le soutien à l’autogestion et les ateliers de Relief.
références
Barlow, J. H., Ellard, D. R., Hainsworth, J. M., Jones, F. R., & Fisher, A. (2005). A review of self‐management interventions for panic disorders, phobias and obsessive‐compulsive disorders. Acta Psychiatrica Scandinavica, 111(4), 272-285.
Barlow, J., Wright, C., Sheasby, J., Turner, A., & Hainsworth, J. (2002). Self-management approaches for people with chronic conditions: A review. Patient Education and Counseling, 48(2), 177-187.
Boyd, L., Baker, E., & Reilly, J. (2019). Impact of a progressive stepped care approach in an improving access to psychological therapies service: An observational study. Plos One, 14(4), e0214715.
Coulombe, S., Radziszewski, S., Meunier, S., Provencher, H., Hudon, C., Roberge, P., ... & Houle, J. (2016). Profiles of Recovery from Mood and Anxiety Disorders: A person-centered exploration of people's engagement in self-management. Frontiers in Psychology, 7, 584.
Coulombe, S., Radziszewski, S., Trépanier, S. G., Provencher, H., Roberge, P., Hudon, C., … & Houle, J. (2015). Mental health self-management questionnaire: Development and psychometric properties. Journal of Affective Disorders, 181, 41-49. doi: 10.1016/j.jad.2015.04.007
Gellatly, J., Bower, P., Hennessy, S., Richards, D., Gilbody, S., & Lovell, K. (2007). What makes self-help interventions effective in the management of depressive symptoms? Meta-analysis and meta-regression. Psychological Medicine, 37(9), 1217-1228.
Gouvernement du Québec. (2019). Programme québécois pour les troubles mentaux : des autosoins à la psychothérapie (PQPTM). Consulté au : https://www.quebec.ca/sante/conseils-et-prevention/sante-mentale/programme-quebecois-de-psychotherapie-pour-les-troubles-mentaux-pqptm/
Houle, J., Gascon-Depatie, M., Bélanger-Dumontier, G., & Cardinal, C. (2013). Depression self-management support: A systematic review. Patient Education and Counseling, 91(3), 271-279.
Houle, J., Gauvin, G., Collard, B., Meunier, S., Frasure-Smith, N., Lespérance, F., ... & Lambert, J. (2016). Empowering adults in recovery from depression: A community-based self-management group program. Canadian Journal of Community Mental Health, 35(2), 55-68.
Lean, M., Fornells-Ambrojo, M., Milton, A., Lloyd-Evans, B., Harrison-Stewart, B., Yesufu-Udechuku, A., ... & Johnson, S. (2019). Self-management interventions for people with severe mental illness: systematic review and meta-analysis. British Journal of Psychiatry, 214(5), 260-268.
Lorig, K. R., Ritter, P. L., Pifer, C., & Werner, P. (2014). Effectiveness of the chronic disease self-management program for persons with a serious mental illness: A translation study. Community Mental Health Journal, 50(1), 96-103. doi: 10.1007/s10597-013-9615-5
McCusker, J., Lambert, S. D., Cole, M. G., Ciampi, A., Strumpf, E., Freeman, E. E., & Belzile, E. (2016). Activation and self-efficacy in a randomized trial of a depression self-care intervention. Health Education & Behavior, 43(6), 716-725.
Mueser, K. T., Corrigan, P. W., Hilton, D. W., Tanzman, B., Schaub, A., Gingerich, S., ... & Herz, M. I. (2002). Illness management and recovery: A review of the research. Psychiatric Services, 53(10), 1272-1284. doi: 10.1176/appi.ps.53.10.1272
Omisakin, F. D., & Ncama, B. P. (2011). Self, self-care and self-management concepts: Implications for self-management education. Educational Research, 2(12), 1733-1737.
O’Connell, S., Mc Carthy, V. J., & Savage, E. (2018). Frameworks for self-management support for chronic disease: a cross-country comparative document analysis. BMC Health Services Research, 18(1), 583.
Ritter, P. L., Ory, M. G., Laurent, D. D., & Lorig, K. (2014). Effects of chronic disease self-management programs for participants with higher depression scores: Secondary analyses of an on-line and a small-group program. Translational Behavioral Medicine, 4(4), 398-406. doi: 10.1007/s13142-014-0277-9.
Slade, M. (2009). Personal recovery and mental illness: A guide for mental health professionals. Cambridge, UK: Cambridge University Press.
Starnino, V. R., Mariscal, S., Holter, M. C., Davidson, L. J., Cook, K. S., Fukui, S., & Rapp, C. A. (2010). Outcomes of an illness self-management group using wellness recovery action planning. Psychiatric Rehabilitation Journal, 34(1), 57-60.
Villaggi, B., Provencher, H., Coulombe, S., Meunier, S., Radziszewski, S., Hudon, C., ... & Houle, J. (2015). Self-Management strategies in recovery from mood and anxiety disorders. Global Qualitative Nursing Research, 2