Carnet de Voyage - Autogestion et intégration des technologies en milieu de travail

Par Simon Coulombe
Premier arrêt : Johannesburg, Afrique du Sud.

 

Aujourd’hui, je vous amène avec moi en Afrique du Sud où j’ai collaboré avec Andrew Thatcher (PhD), professeur en Industrial/Organisational Psychology au Department of Psychology à la School of Human & Community Development de l’University of the Witwatersrand, à Johannesburg, et Karen Milner (PhD), professeure associée de psychologie à la School of Human and Community Development de l’University of the Witwatersrand. Le professeur Andrew Thatcher étudie notamment les facteurs psychologiques impliqués dans l'adoption des technologies écologiquement et socialement durables. La professeure associée, Karen Milner est inscrite en tant que psychologue industrielle/organisationnelle auprès du Health Professions Council of South Africa et ses intérêts en matière d'enseignement et de recherche portent sur le bien-être des employés et la santé mentale au travail.

Afin de stimuler notre discussion, j’ai adressé la question suivante :

 

 

Nous avons examiné les environnements physiques des espaces de travail et leurs associations avec la santé mentale et le bien-être. On s’est notamment intéressé.e.s aux espaces agiles qui sont de plus en plus en vogue. Ces espaces incluent plusieurs aires différentes avec des aménagements spécifiques (par ex., salle de réunion pour le travail collaboratif; aire pour le travail individuel dans lequel le silence est demandé; cubicules de travail individuels dans un espace commun; espaces informels pour la relaxation et les interactions sociales), permettant aux travailleur.se.s d’occuper l’un ou l’autre des espaces en fonction des besoins de leurs tâches du moment, sans pouvoir avoir un usage exclusif d’un lieu. Si ces espaces deviennent de plus en plus populaires en contexte post-pandémique, sont-ils pour autant bénéfiques ?

 

Les travaux scientifiques sont assez clairs sur ce point : les espaces de travail ouverts et flexibles peuvent aider à favoriser la collaboration et les interactions sociales. D’un autre côté, cela peut aussi contribuer à l’anxiété en raison du bruit et du manque d’espaces privés.

 

Aussi, selon les travaux – soit une analyse de données collectées en Afrique du Sud – que j’ai menés avec les collaborateur.trice.s de ce pays, les espaces flexibles (en comparaison aux espaces ouverts plus traditionnels) favoriseraient un plus grand sentiment de contrôle, mais d’un autre côté, ils favoriseraient aussi un moins grand sentiment d’appartenance envers l’espace et l’équipe. Au final, les indicateurs suggèrent que ces deux effets (un positif et un négatif) semblent s’annuler, faisant en sorte que le bien-être psychologique des personnes œuvrant dans ces espaces agiles ne semble pas amélioré. Ces travaux montrent l’importance de considérer les espaces physiques du travail comme des facteurs à optimiser, car ils ont le potentiel de jouer un rôle dans l’équation en matière de promotion de la santé mentale.

 

 

Si les travaux menés en Afrique du Sud concernaient davantage l’environnement de travail que les comportements d’autogestion que les personnes peuvent mettre en place, les résultats des analyses menées suggèrent tout de même quelques pistes de réflexion pour les individus :

  • Réfléchir à ses besoins en termes d’espace de travail à la maison et au bureau. Les espaces actuels dont je dispose me permettent-ils d’accomplir mon travail et de me sentir bien? Certains me conviennent-ils mieux? Pour quelles raisons? Pourrais-je amener des changements (même simples) pour m’approprier davantage certains espaces (même de façon temporaire) afin qu’ils répondent mieux à mes besoins? Pourrais-je en glisser un mot à mon gestionnaire ou aux personnes responsables des espaces afin d’explorer des options possibles? 
  • Penser à inclure des éléments naturels (vivants ou non) pour contribuer à optimiser votre bien-être dans votre espace de travail. C’est ce qu’on appelle le design biophilique. Cela encourage l’utilisation d’éléments appartenant à la nature dans l’aménagement des espaces bâtis. Cette approche s’appuie sur le besoin inné des humains d’être en contact intime avec la nature. Ainsi, une plante peut servir d’écran sonore et visuelle dans un bureau, améliorant ainsi le sentiment de sécurité et d’intimité, tout en contribuant à réduire le stress.
  • Profiter des espaces disponibles, s’il y en a, pour avoir des interactions sociales afin de favoriser la connexion, si importante pour la cohésion d’équipe, mais aussi pour la santé mentale. Avoir des interactions sociales positives représente une stratégie d’autogestion et les espaces de travail peuvent soutenir ce genre d’activités. Il y a peut-être des éléments physiques peu couteux qui pourraient être ajoutés dans les espaces partagés pour encourager de façon subtile les interactions et le sentiment d’appartenance (par ex., amener un casse-tête et le déposer sur la table à café dans le salon des employé.e.s pour que tout le monde puisse y contribuer et s’entraider pour le compléter).

 

 

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