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j'ai osé parler de mon anxiété à mon patron
Je m'appelle Martin Binette et je suis directeur principal à Relief.
Relief est un OBNL en santé mentale qui soutient les personnes vivant avec l'anxiété, la dépression et la bipolarité, ainsi que leurs proches, pour leur permettre de continuer d'aller de l'avant.
Moi aussi, je suis une personne qui vit avec un trouble d'anxiété généralisée.
J'en parle publiquement aujourd'hui plus facilement, mais ça n'a pas toujours été comme ça, surtout dans le cadre du travail.
vivre avec l'anxiété
Mais avant d'en parler publiquement, c'est 20 ans de silence, c'est 20 ans de souffrance.
Je me rappelle surtout dans le contexte du travail, je faisais régulièrement des attaques de panique.
J'avais une anxiété qui était dans le plafond continuellement. Une anxiété qui était beaucoup générée par la performance.
C'est-à-dire que je devais faire des présentations, je devais préparer des choses et parler de devant un public et ça me causait énormément d'anxiété.
Je me rappelle que j'avais une grande peur d'être jugé dans un contexte de performance où tu es entouré de personnes qui professionnellement, veulent ta réussite, mais veulent la réussite de l'entreprise.
Tu ne veux pas avoir l'air de quelqu'un de faible, tu ne peux pas faillir, tu ne veux pas être jugé comme inadéquat. Alors je gardais ça pour moi.
J'avais beaucoup de difficulté à en parler.
Il m'est arrivé des fois, je me souviens d'avoir trouvé des trucs pour éviter de faire face à cette pression de présenter devant, soit des clients ou devant même un groupe. Ca pouvait être un groupe de 3, 4 personnes parfois.
Et je me rappelle que je revenais à la maison, j'étais complètement épuisé, je dormais très mal.
J'en pleurais tellement ça me faisait mal.
Jusqu'au jour où, j'ai décidé d'en parler à une seule personne.
J'ai pris la chance d'en parler à mon patron mais je dis la chance parce que j'avais tellement peur de perdre mon emploi parce que mon rôle gravitait autour de cette performance.
Et quand je lui ai parlé, je m'attendais à ce que je sois rejeté, que je sois jugé ou carrément qu'on me dise : « Tu ne fais plus l'affaire et tu vas être congédié ».
Je me rappelle que François, m'a accueilli, m'a écouté et je me rappelle d'avoir fondu en larmes en me disant : « François, c'est souffrant. Je n'arrive pas à livrer la marchandise. ».
Et je me rappelle ces mots à l'époque, il m'a regardé puis m'a dit : « Martin, ce n'est pas grave, on va travailler ensemble. On va réussir ensemble. ».
Et ça, ça a été des mots de réconfort.
Peut-être les premiers mots de réconfort que j'ai entendu et qui m'a fait vraiment un bien immense.
Et il s'est assis avec moi et on a mis un plan d'action pour essayer de m'améliorer.
Il est arrivé même une fois où l'anxiété était tellement énorme qu'il m'a remplacé. Il m'a dit : « Je vais prendre ta place, mais on va quand même travailler pour faire des plus petits groupes pour que tu puisses parler devant les gens. ».
Et ça a été la première personne qui a vraiment été témoin à l'extérieur de mon cercle familial, des efforts que je faisais pour essayer de lutter contre cette anxiété et ces crises de panique.
Et son support a été vital pour la suite des choses parce que malgré le fait que j'ai fait un arrêt de travail pour diverses raisons, des problèmes personnels, aussi une pression professionnelle, mon patron qui m'avait aidé était encore là pendant l'arrêt de travail.
Il m'a appuyé et ça m'a donné le courage d'aller plus loin dans ma démarche.
Je me rappelle le 11 août 2014, j'étais justement chez moi en arrêt de travail, j'allais mieux.
Je préparais un retour au travail au début de l'automne et il est arrivé quelque chose d'assez troublant, pas juste dans ma vie, mais dans la vie pas mal de tout le monde.
Robin Williams est décédé, s'est enlevé la vie.
Et à ce moment-là, j'ai senti le besoin de mettre un mot sur ça.
J'ai senti le besoin d'en parler ouvertement et de faire un appel au public en disant : c'est normal, tout le monde vit des hauts et des bas.
Et vivre avec la maladie mentale, ce n'est pas une tare, ce n'est pas une malédiction, c'est quelque chose que tous et chacun probablement va vivre de près ou de loin dans sa vie.
Qu'on soit riche, qu'on soit pauvre, qu'on soit au travail, en arrêt de travail, homme, femme.
On n'est pas immunisé contre la maladie mentale, on n'est pas à l'abri d'une tempête.
Et quand j'ai fait cette sortie sur les réseaux sociaux, je suis convaincu à 100% que je l'aurais pas fait si j'avais pas reçu le support de personnes autour de moi, de mon cercle familial, mais aussi de François, de mon patron.
Ça m'a donné la force d'aller plus loin dans ma démarche et d'en parler ouvertement.
Et ça a mis une espèce de confiance que j'allais être reçu positivement et c'est ce qui est arrivé.
Pour moi, sans François, j'aurais probablement peut-être pas fait cette sortie publique, j'aurais probablement gardé ça encore pour moi, pendant des années.
Et le soutien de mon patron a été vital, non seulement dans le fait d'en parler ouvertement, mais dans mon rétablissement.
Parce que quand je suis retourné au travail, j'ai été accueilli par ce même patron et je me suis senti à l'aise de lui dire comment je me sentais et comment j'allais.
Et quand ça allait moins bien, je savais qu'il était là pour m'écouter.
Et ça, pour moi, ça a été vital et important dans mon rétablissement.
une histoire parmi tant d'autres
Mon histoire, c'est une histoire parmi tant d'autres.
Au Canada, c'est plus de 60% des employé-e-s, des personnes qui vivent avec un enjeu de santé mentale qui n'en parleront pas à leur gestionnaire, de peur d'être jugé, étiquetté-e, tabletté et même parfois congédié.
À Relief, on peut changer ça en offrant des ressources pour créer des environnements de travail sains et sécuritaires pour l'ensemble des employé-e-s, gestionnaires, et même des membres de la haute direction.
Et avec votre aide, on peut en faire plus maintenant.
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